Privés de contacts, de sorties et d’aide, les semaines de confinement ont laissé une grande partie de la population âgée isolée et affaiblie selon le rapport inédit publié par l’association Petits frères des pauvres à cette occasion. Mais l’étude montre également comment la solidarité s’est mise à l’œuvre et avance des pistes pour prolonger cet élan.
Les mots sont forts, l’enquête sur l’isolement réalisée par Petits frères des pauvres parle de « mort sociale » pour évoquer la situation des plus de 60 ans confinés, fragilisés et en première ligne des victimes du coronavirus. Les observations recueillies énoncent le chiffre de 720 000 personnes âgées privées de relations sociales pendant les huit semaines de confinement ; 15% de cette tranche d’âge ne seraient d’ailleurs jamais sorties de leur domicile, avec pour conséquence une détérioration de la santé mentale et physique : 42% des personnes interrogées auraient ainsi fait l’objet de difficultés psychologiques et 31% de problèmes physiques durant cette même période. Selon Petits frères des pauvres, les semaines de confinement ont mis en lumière le désintérêt de la société pour le grand âge et constate que les plus de 80 ans éprouvent un véritable sentiment d’exclusion.
« L’agisme est une discrimination contre laquelle nous devons lutter, affirme Jean Louis Wathy, délégué général adjoint de l’association. Ses conséquences sont ravageuses, les décès par glissement sont quasiment plus nombreux que les morts du Covid ! En effet, on ne s’imagine pas combien la perception de l’espace et le temps est différente pour une personne âgée, quand quelques mois peut signifier la fin d’une vie. Lorsque le Président de la République a annoncé que les plus de 70 ans devraient rester confinés plusieurs mois, beaucoup d’entre eux se sont vus condamnés…»
Dans ce contexte, sans soutien et privés de contact familiaux et amicaux, nombreux sont ceux qui se sont laissés aller tandis que l’absence de marche quotidienne, responsable de dommages physiques irréversibles, a augmentée le nombre de personnes invalides.
S’adapter à une crise sanitaire inédite
Pour autant, l’élan de solidarité qui s’est développé pendant le confinement est à mettre en lumière. Organisées par des commerçants, des associations, les gardiens d’immeuble ou le voisinage, les actions d’entraide auprès des aînés se sont multipliées, initiant ainsi de nouveaux modes de fonctionnement. En quinze jours, Petits frères des pauvres, habituée à accompagner un public âgé, voire très âgé a, par exemple, complètement transformé ses habitudes. « Travail à distance, accompagnement téléphonique, courrier… Nos équipes ont fait face à l’urgence et ces initiatives méritent d’être poursuivies, reprend Jean Louis Wathy. Nous devons agir sur le local, entretenir les liens qui se sont crées pendant le confinement, créer des collectifs d’habitants, soutenir les personnes bénévoles et surtout aider les aidants qui sont toujours très seuls. L’accent doit également être mis sur l’accès au numérique des plus agés. Nous espérons que le rapport Guedj sur la prévention et la mobilisation contre l’isolement soit rapidement effectif partout en France. »
Dans l’attente, un travail de repérage est mené car encore trop de personnes âgées restent exclues et difficile à toucher.
Sandrine Youknovski
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