Inspirée du soutien aux aidants mis en place au Québec par Baluchon Alzheimer, l’offre de répit à domicile* de l’association Bulle d’Air est une adaptation de l’expérience québécoise au contexte français de l’aide aux aidants, sur la Savoie, la Haute-Savoie et l’Isère. Chargée de développement, Naïs Matheron revient sur les premiers retours d’expérience de ce service de relais familial avant un déploiement sur la région Rhône Alpes et, espère t-elle, un essaimage sur d’autres territoires…
« Les aidants à domicile, notamment les conjoints, ont besoin de répit, quelle que soit la pathologie de leurs proches. Le répit est donc une condition sine qua non du maintien à domicile. Mais le besoin de répit est variable d’une personne à une autre et les aidants n’ont pas forcément l’habitude (NDRL : ou ont perdu l’habitude) de partir en vacances. » Connu au Québec sous le nom de baluchonnage, le service de répit à domicile consiste à mettre à disposition d’un aidant un baluchonneur ou une baluchonneuse pour le remplacer à domicile auprès de son proche, sur quelques heures ou plusieurs jours. Contrairement au Québec où un baluchonneur peut rester entre 4 et 14 jours, le code du travail français ne permet pas à un seul et unique baluchonneur d’intervenir autant de jours consécutifs. « Quand on remplace un aidant à domicile, ce sont toujours des situations complexes et qui demandent de la vigilance. Vous imaginez bien que si c’est fatiguant pour l’aidant, cela l’est aussi pour le baluchonneur que nous cherchons également à préserver. » Bulle d’Air s’efforce donc de trouver des solutions pour les aidants qui souhaitent partir sur une durée plus longue sans pour autant désorienter le proche à domicile : par exemple, pour une intervention d’un weekend, un seul salarié intervient ; au-delà, les baluchonneurs se relaient toutes les 48h.
Différentes formes de répit
« La relation de confiance entre l’aidant, l’aidé et le baluchonneur est le gage du succès du répit à domicile. » A ce titre, la « première fois » est décisive, d’autant plus que les aidants ne se décident pas facilement à « laisser » leur proche aux soins d’un tiers. Naïs Matheron insiste sur la variété des besoins en terme de répit, de quelques heures hebdomadaires pour participer à une chorale à un nombre de nuits par semaine pour récupérer des heures de sommeil, en passant par un week-end pour assister à un mariage. « Je parle là de cas de répit choisi, pour le confort de l’aidant. Mais dans le cas des aidants salariés, c’est plus souvent du répit contraint, pour assurer d’autres obligations. 47% des aidants que nous suivons sont encore en activité et nous estimons que 23% des besoins de répit sont contraints. Les besoins exprimés en nombre d’heures consécutives se répartissent ainsi : 27% de 3 à 6h, et 28% de 6 à 12h et 29% de 12 à 24h. Les aidants qui s’autorisent un répit de plus de 24h sont donc peu nombreux. Pour Naïs Matheron, les freins sont psychologiques, avec la difficulté d’accepter un tiers de confiance, et financiers. « Le coût horaire moyen est de 13,10€ mais 75% des familles ont une aide dans le cadre de l’APA, de la PCH, d’une plateforme de répit… ce qui ramène à un coût pour la famille à environ 7,90€. Par ailleurs, la prime annuelle de droit au répit d’un montant de 500€ par aidant que les Départements mettent progressivement en place correspond à un week-end par an et offre aux aidants une opportunité de « goûter » au droit au répit*. »
Un besoin réel
Pour faire connaître l’offre de répit, Bulle d’Air s’appuie sur les référents APA des Départements, les assistants sociaux des hôpitaux, les CIAS et les plateformes de répit. « Identifier les aidants et se faire connaître d’eux est une de nos difficultés ». Une fois en contact avec les familles, c’est un travail de cheminement pour évaluer le besoin, trouver le bon profil de baluchonneur et établir une relation de confiance. La sélection des baluchonneurs est plus facile, via des forums pour l’emploi par exemple. Ce sont souvent des retraités des filières médico-sociales, ou des personnes en formation dans ces mêmes filières, à la recherche d’un complément de revenus. Pour l’année 2015, Bulle d’Air disposait de 110 baluchonneurs pour 118 familles accompagnées. Expérimenté à partir de 2011, généralisé sur trois départements depuis 2013, bientôt étendu à la Région, le service a prouvé que le besoin de répit est réel : il se traduit par des demandes variées, il concerne toutes les catégories socio-professionnelles, il vient en complément, dans 75% des cas, de services classiques d’aide à domicile. « Un de nos rôles est bien d’augmenter les aides mobilisables pour les familles. »
Propos recueillis par Nathalie Cuvelier
*A l’initiative de la MSA des Alpes du Nord
** La MSA propose déjà une aide de premier répit d’un montant de 200€ qui correspond à une journée de répit à domicile.
Un joli film a été fait sur le service offert par Bulle d’Air. Retrouvez-y quelques exemples de situations de répit.
Vous souhaitez en savoir plus sur le dispositif proposé par Bulle d’Air ? Contactez Naïs Matheron au 04 79 62 87 38.
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