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La France compte aujourd’hui plus de 13 millions de proches aidants (20% de la population française) qui accompagnent au quotidien un parent, un conjoint ou un enfant en perte d’autonomie. D’ici 2030, ils seront près de 17 millions sur une population estimée par l’INSEE à 64 millions de Français, soit 26%. Un engagement invisible mais essentiel, qui représente un enjeu économique et social majeur ainsi qu’un enjeu de santé publique. Alors que la population vieillit et que la dépendance augmente du fait de l’allongement de la durée de vie, comment mieux reconnaître et soutenir ces millions de citoyens qui consacrent une partie de leur vie à aider un proche ?

Les défis des aidants : une charge trop lourde à porter seuls
Les aidants consacrent en moyenne 20 heures par semaine à leur proche, ce qui équivaut à un travail à temps partiel non rémunéré. Leur contribution informelle est estimée à 173 milliards d’euros par an, soit près de 0,8 % du PIB. Cette charge pèse fortement sur leur santé physique et mentale, leur équilibre familial et leur vie professionnelle. Aujourd’hui, 51 % des aidants sont en activité professionnelle, et doivent jongler entre travail et responsabilités familiales, souvent au détriment de leur carrière. Près de 58 % des aidants sont des femmes, accentuant ainsi les inégalités de genre. Face à ces constats, il est urgent de proposer des solutions concrètes et ambitieuses pour alléger leur charge et leur garantir un soutien adapté et pérenne.

23 propositions pour mieux soutenir les aidants :

Dans le cadre économique
Un soutien financier adapté aux aidants
1 – Augmenter progressivement le montant et la durée de l’Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA) en fonction du niveau de dépendance de la personne aidée et en garantissant une meilleure compatibilité avec l’exercice d’une activité professionnelle pour éviter la précarisation des aidants et l’augmentation des arrêts de travail.
2 – Mettre en place une compensation financière de 600 € pour les aidants à temps plein, indexée sur l’évolution du SMIC et ajustable en fonction du niveau de dépendance de la personne aidée, afin de garantir une couverture financière plus équitable et adaptée aux réalités des aidants.
3 – Assouplir l’usage du congé proche aidant en permettant son utilisation par demi-journée, en garantissant un maintien de salaire partiel pour limiter l’impact financier et en assurant sa pleine reconnaissance dans le calcul des droits à la retraite.
4 – Augmenter le plafond d’exonération pour le CESU préfinancé, afin de simplifier l’accès aux services d’aide à domicile.
Sécuriser la situation financière des aidants et des aidés
5 – Développer un bouquet de services dédié aux aidants, certifié par l’État, regroupant des solutions d’accompagnement, de répit, de soutien administratif, ainsi qu’un accès facilité à des plateformes de conseil juridique et social adaptées aux besoins spécifiques des aidants.
6 – Mettre en place un Plan Épargne Dépendance (PED) inspiré du PEL pour anticiper les coûts liés à la perte d’autonomie, avec une fiscalité incitative, une portabilité des droits et une possibilité d’abondement par l’État et les entreprises pour maximiser son efficacité.
7 – Créer un organisme national pour les proches aidants afin de coordonner les initiatives locales et nationales.
8 – Introduire des prêts subventionnés par les entreprises pour permettre l’aménagement du logement ou le rapprochement familial des aidants, en facilitant l’accès à des financements à taux préférentiels et en intégrant des dispositifs d’accompagnement pour optimiser les conditions de logement et de travail des aidants.
9 – Mettre en place un chèque soutien familial permettant aux aidants de financer des conseils notariaux pour anticiper et gérer la dépendance.

Dans le cadre sociale
Mieux identifier et informer les aidants
10 – Créer une case « aidant familial » sur les documents administratifs clés (impôts, Pôle emploi, recensement, DMP).
11 – Nommer un référent aidants dans chaque mairie, en lien avec les Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS), pour accompagner les familles concernées, leur fournir des informations et faciliter l’accès aux dispositifs d’aide disponibles.
Renforcer la formation et l’engagement citoyen
12 – Créer un institut national de formation pour les aidants, intégrant des parcours certifiants adaptés aux différents niveaux d’accompagnement, des formations continues pour les professionnels du secteur, ainsi que des modules spécifiques sur la gestion du stress, la prévention de l’épuisement et l’adaptation des soins en fonction du niveau de perte d’autonomie.
13 – Encourager un service civique aidant pour sensibiliser les jeunes et renforcer les liens intergénérationnels.
14 – Développer des espaces de rencontre et de soutien pour lutter contre l’isolement des aidants.

Dans le cadre de la santé
Améliorer l’accès aux soins et au soutien psychologique
15 – Intégrer une consultation annuelle gratuite pour les aidants dans le Dossier Médical Partagé, incluant un suivi psychologique et des bilans de santé spécifiques afin de prévenir l’épuisement et détecter les signes précoces de stress et de dépression.
16 – Développer des consultations de télémédecine dédiées aux aidants pour un suivi médical sans contraintes.
17 – Renforcer les soins palliatifs et l’accompagnement en fin de vie à domicile, en mettant en place un plan national de diffusion de la culture palliative, intégrant la formation des professionnels de santé, la sensibilisation des aidants et le développement d’équipes mobiles spécialisées pour un meilleur accompagnement à domicile.
18 – Encourager les mutuelles et assurances santé à inclure des bilans de santé annuels pour les aidants.

Le rôle essentiel des entreprises pour un meilleur soutien aux salariés aidants
La crise sanitaire liée au Covid-19 a profondément transformé notre rapport au travail. Comme le souligne le sociologue Stéphane Hugon, cette crise a invité la société dans l’entreprise, révélant l’interconnexion entre la sphère professionnelle et la sphère personnelle. Les entreprises ont ainsi pris conscience de la nécessité d’intégrer les réalités de vie de leurs salariés, notamment en matière d’aidance.
Les entreprises ont un rôle clé à jouer pour soutenir leurs salariés aidants. La non-prise en compte de cette réalité peut générer des coûts financiers importants, en raison de l’absentéisme et de la baisse de productivité. Selon des études anglo-saxonnes, ces pertes peuvent atteindre 1.600 € par salarié et par an. Selon le baromètre de « Observatoire OCIRP 2023 » le coûts liés à l’aidance pour les entreprises françaises du secteur privé est estimé à 31 milliards d’euros.
Mais au-delà des coûts, soutenir les aidants représente une véritable opportunité pour les entreprises. Ces salariés développent des compétences précieuses comme la résilience, la gestion du stress, l’adaptabilité et l’empathie. Mettre en place des politiques inclusives en faveur des aidants permettrait d’améliorer l’engagement des collaborateurs, de fidéliser les talents et d’intégrer pleinement cette problématique dans une démarche RSE ambitieuse.
D’autres pays ont déjà mis en place des solutions inspirantes. L’Espagne, par exemple, a développé un système national de soutien aux aidants, combinant financement public et formation des aidants familiaux. Dans les pays nordiques, les services aux personnes dépendantes sont directement intégrés dans les services publics, avec une implication forte des municipalités. Ces modèles montrent qu’un soutien structuré aux aidants bénéficie non seulement aux familles mais aussi à la société dans son ensemble.
Alors que la question des aidants devient un enjeu sociétal majeur, il est temps pour les entreprises et les pouvoirs publics d’agir ensemble pour proposer des solutions durables et adaptées.

Mobiliser les entreprises pour un meilleur soutien aux aidants
19 – Mobiliser des accords par branche basés sur le Fonds de Haut Degré de Solidarité pour renforcer le soutien aux salariés aidants, en garantissant des dispositifs spécifiques comme l’aménagement du temps de travail, la prise en charge financière de services de répit ou encore des compléments de rémunération adaptés à leur situation.
20 – Mutualiser des solutions d’accompagnement des salariés-aidants ou aidants actifs entre les grandes entreprises et les TPE/PME, en facilitant le partage des bonnes pratiques, la mise en place de dispositifs communs de soutien psychologique et administratif, ainsi que le développement de formations spécifiques adaptées aux contraintes des aidants.
21 – Développer des politiques RH adaptées : télétravail, horaires aménagés, congés spécifiques, valorisation des compétences.
22 – Intégrer de façon systématique le soutien aux aidants dans les négociations collectives et accords d’entreprise, en instaurant des mesures concrètes comme la reconnaissance du statut d’aidant dans les conventions collectives, des aménagements de poste adaptés et des dispositifs de formation pour mieux accompagner
23 – Mobiliser l’épargne salariale pour financer des solutions de dépendance adaptées aux aidants et aux personnes âgées.

Mobilisons-nous pour un meilleur soutien aux aidants
Il est temps de reconnaître pleinement le rôle des aidants et d’agir concrètement pour leur offrir un cadre plus équilibré. Certaines avancées ont déjà été réalisées, mais il reste encore beaucoup à faire pour garantir aux aidants le soutien qu’ils méritent. Nous serons tous aidants et aidés dans notre vie.
🔹 Et vous, quelles mesures vous semblent les plus urgentes à mettre en place ? Partagez votre avis en commentaire !

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