« Je me suis dirigé vers ces thérapies par rejet de la pharmacopée allopathique occidentale »

Aidant depuis plusieurs années de son père, décédé et aujourd’hui de sa mère, Paul utilise l’homéopathie et la phytothérapie pour apaiser son humeur et ses maux.

Aidant attitude : Quel est votre parcours d’aidant ? Quelles sont les difficultés rencontrées?

Paul : Après avoir accompagné mon père tout au long de sa maladie d’Alzheimer, pendant plusieurs années, jusqu’à son décès survenu en mars 2018 à l’âge de 88 ans, j’accompagne à présent ma mère, âgée de 86 ans. Elle est en perte totale d’autonomie depuis un peu plus d’une année en raison d’une arthrose chronique et d’angoisses profondes ayant entraîné des craintes de se déplacer de plus en plus en plus invalidantes ; son immobilisation prolongée provoquant à son tour une perte de musculature amplifiée par une perte quasi totale d’appétit et une alimentation extrêmement réduite. Contrainte à séjourner dans un lit médicalisé 24h/24, à domicile (son choix), elle est à présent gagnée par la sénilité de l’âge.

Elle n’est affectée d’aucune souffrance organique particulière, si ce n’est l’inconfort de la position quasi fœtale, jambes totalement recroquevillées, qu’elle a adoptée de manière permanente depuis près d’un an.

Une infirmière intervient quatre fois par jour  pour les médicaments et une légère alimentation (eau gélifiée, yaourt protéiné) ; des aides-soignantes se présentent trois fois par jour pour l’hygiène et la toilette ; des personnes de compagnie se relaient également à son chevet sept jours sur sept, à raison d’une heure ou deux par jour. Pour ma part, j’habite à plus de cinq cents kilomètres de chez elle. Je lui rends visite un week-end tous les quinze jours et quelques jours d’affilée pendant les périodes de vacances.

Aidant attitude : Avez-vous eu recours à des médecines alternatives et complémentaires depuis le début de cette expérience ? Si oui, lesquelles ?

Paul : Ma mère suit un traitement antidépresseur depuis plusieurs dizaines d’années : antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères, qu’elle complète par un traitement homéopathique et de phytothérapie qui, dispensé le soir « au coucher » (couchée, elle l’est bien entendu toute la journée) par une personne de confiance, constitue un rituel participant de son apaisement. Ce traitement-ci est à base de mélatonine, d’huile essentielle de lavande, de rhodiola, d’aubépine, de valériane ; pour l’homéopathie : des composés de type Sédatif PC.

Aidant attitude : Pourquoi s’être dirigé vers ce type de thérapies ?

Paul : Ce recours à l’homéopathie et à la phytothérapie fait partie de la culture de mes parents depuis de très nombreuses années. Ils viennent d’une région (le sud de l’Alsace) très imprégnée de l’anthroposophie de Rudolph Steiner, particulièrement influente en Suisse, qui met en avant les valeurs supposées d’une relation en harmonie avec la nature et ses produits non-transformés.

Pour ma part, j’ai recours à des compléments alimentaires, en alternance pour m’apaiser et me stimuler, comme le rhodiola et le magnésium, occasionnellement la mélatonine, ainsi qu’à la pharmacopée ayurvédique ou amazonienne (maca, ashwagandha, muirapuama).

Je consomme quotidiennement de l’aloé vera en gel ou en jus pour calmer mes intestins irrités.

Je me suis dirigé vers ces thérapies par rejet de la pharmacopée allopathique chimique occidentale, des effets secondaires et du caractère addictif que j’appréhende à son égard. Les compléments alimentaires peuvent bien entendu eux aussi produire des effets secondaires et de l’addiction, mais celle-ci est à caractère plutôt psychologique que physiologique, sans prise durable sur l’organisme et leurs effets secondaires s’estompent rapidement.

Aidant attitude : En tant qu’aidant, quels en ont été les bienfaits?

Paul : Pour l’aidant, les compléments alimentaires permettent d’adapter avec souplesse un traitement rendant le quotidien plus paisible. Ils ont, pour la personne aidée, un effet d’accompagnement actif à la fois organique et placébo, aux effets secondaires en général peu nuisibles et de faible impact. Une exception à souligner : le millepertuis, apprécié pour ses vertus d’antidépresseur léger en ingestion, est fortement contre-indiqué lors de la prise d’antidépresseurs chimiques car il annule l’action et perturbe donc le traitement de fond.

Propos recueillis par Sandrine Youknovski