Merci pour vos étoiles!
Merci pour vos étoiles!

Imaginez cinq femmes, entre 40 et 70 ans, toutes porteuses d’une histoire avec la maladie d’Alzheimer. Que leur proche soit un parent, un conjoint ou un frère, ces femmes aimantes et aidantes assument plus ou moins bien des décisions douloureuses mais inévitables. Une fois par mois, dans les locaux de l’antenne de Douai de France Alzheimer Nord, un groupe de parole leur est ouvert pour exprimer des choses qui résonnent pour chacune d’entre elles…

Le groupe de parole est réuni et comme à chaque séance, personne ne peut savoir ce qui s’y jouera… . Deux des personnes présentes sont là pour la première fois. C’est elles qui, aujourd’hui, vont le plus parler, submergées par l’émotion, assaillies par le doute et la révolte. Les trois autres, dont l’une vient de perdre son conjoint, sont à l’écoute, le regard bienveillant. Le psychologue et animateur de ce temps de parole propose aux deux nouvelles venues de commencer…

C’est une femme bien décidée qui prend la parole et ses premières larmes ne viennent pas interrompre son histoire. C’est l’histoire d’une femme active, avec des enfants encore à charge et des parents éloignés. C’est l’histoire d’une fille qui, prise par son propre quotidien, n’a pas vraiment vu venir les choses. « A-t-elle laissé sa maman s’épuiser ? » ; « Aurait-elle pu faire autrement ? » se demande t’elle aujourd’hui. Dans l’urgence, elle a dû trouver une structure pour son papa, atteint depuis 2007 de la maladie d’Alzheimer.

« Je suis cette épouse qui n’accepte pas… »

« Aidez-moi à ne pas culpabiliser ! », est une de ses attentes, si bien comprise par les autres qui, toutes, font un effort sur elle-même pour mettre à distance cette culpabilité. « J’ai fait ce qu’il fallait faire mais je n’accepte toujours pas… » Après s’être mobilisée pour trouver un cantou, avoir répondu à des questions déstabilisantes – « Votre proche est-il suffisamment valide ? » ; « Vos parents ont-ils les moyens ? » – elle confie aujourd’hui sa fragilité et son souhait de repartir avec des réponses.

Mais il faut du temps pour trouver des réponses – « s’il y en a… » – semblent dire les regards plein de compréhension des plus « anciennes ».
« Je suis votre maman ! Je suis cette épouse qui n’accepte pas de voir son mari devenir un autre. Ce n’est pas mon mari que je voie ! Moi aussi je n’accepte pas ! » C’est au tour de l’autre personne ici pour la première fois de prendre la parole. Plus âgée, c’est une épouse qui crie sa révolte, une épouse elle aussi contrainte à un choix cornélien suite à une hospitalisation, comme si chaque histoire était différente mais avec des points de passage communs. « Nous passons toutes, à un moment de notre histoire par cette décision et nous devons assumer cette terrible impression d’avoir mis nos proches dans une consigne… », confie avec amertume mais sans révolte celle dont l’époux est décédé récemment.

Que reste t-il de l’autre ?

Tant de choses sont abordées dans des échanges plus ou moins sereins. « Vous dites que vous allez voir votre maman tous les jours mais vous, vous pouvez le faire ! Moi je suis à des centaines de kilomètres et je travaille. Qu’est-ce que je suis censée faire ? » Dans la voix, c’est de l’impuissance et non de l’agressivité qui s’exprime. C’est aussi quand même le besoin de se justifier aux yeux des autres, ce qui pourtant n’est pas nécessaire dans ce groupe de parole.

Au-delà des différences et des histoires si semblables et pourtant toutes uniques, des thèmes reviennent comme une constante : la culpabilité bien sûr, le deuil, l’altérité. Qu’est-ce qui reste de l’autre quand l’autre n’est plus là ? Qu’est-ce qu’être un enfant ou un conjoint quand la maladie s’interpose dans la relation ? Que devient le couple ou la relation filiale quand tout s’inverse et que d’épouse ou de fille, on devient mère ou étrangère ?

« Ma mère ne m’a jamais vraiment donné de preuve d’amour. C’était une génération comme ça. A présent, elle me touche, me dit que je suis belle. Elle me reconnaît mais ne sait plus qui je suis. Le sourire est là quand j’arrive et puis elle m’appelle d’un nom que je ne connais pas… »

« Je ne peux pas et ne veux pas l’entendre… »

Entre les « il ne faut jamais renoncer, se battre jour après jour, stimuler ce qui marche encore dans la tête », les « mon frère a 55 ans, je préfère ne pas me poser trop de questions » et les « il y a deux mois encore, j’avais un mari, maintenant, j’ai un homme cassé par les médicaments en face de moi »… il est clair que l’avancée dans la maladie change le regard de l’aidant et ce qu’il est prêt, ou pas, à accepter. « Maman est dans son monde et j’accepte de jouer le jeu. J’embrasse ses peluches quand elle me le demande, je les lave avec elle et au moins une chose nous relie pendant cette toilette. »

En évoquant naturellement et sans volonté aucune de choquer l’état avancé de sa maman dans la maladie, cette même personne provoque une réaction vive d’une des participantes : « C’est insupportable ce que vous dites, je ne peux pas et je ne veux pas l’entendre… ». Elle se lève et se dirige vers la porte, sous le regard ému et désolé des autres. Le psychologue ne la retient pas car chacun est libre dans ce groupe et à même de savoir ce qu’il est prêt ou pas à entendre et, surtout, à quel moment. Une bénévole de France Alzheimer l’accompagne pour échanger probablement et l’inviter à revenir dès qu’elle s’en sentira capable.

Aider un proche atteint de la maladie d’Alzheimer est un vrai parcours du combattant mais c’est aussi un parcours initiatique dans la connaissance de soi. Beaucoup de projections se vivent à cohabiter avec la maladie. C’est perturbant, très perturbant et le groupe de paroles est un lieu où exprimer désarroi et colère mais aussi un lieu pour se préparer à avancer dans l’acceptation. Pour se préserver et se défaire du poids de la culpabilité.

• Antenne Douaisis : 03 27 80 65 08
• ASSOCIATION FRANCE ALZHEIMER : 0 811 112 112

Article rédigé par Nathalie CUVELIER

2 commentaires

  1. ETCHEVERRY JEAN 29 octobre 2014 à 8 h 25 min - Reply

    bonjour a tous ma femme atteinte de la maladie d’alzheimer est dans un
    QUANTTOU depuis 1an je vais la voir tous les jours elle me reproche de
    l’avoir faite enfermè pour me debarasser d’elle j’ai tout essayè pour la garder a la maison mais j’etais au bout du rouleau nous avons 55 ans de vie commune notre maison n’a plus d’ame c’est la solitude tous les soirs je rentre effondrer moi aussi je suis cardiaque ma vie sans elle est foutu
    merci de m’avoir ecoutè si quelqun pouvait me redonner le moral

  2. david 8 novembre 2022 à 22 h 35 min - Reply

    hello je viens d’arriver sur le site car personnellement m’occupant en permanence de ma maman ce depuis 4 ans devant rester actif et me soigner souffrant des vertèbres cervicales m’apportant des troubles neurologiques
    et des difficultés pour porter des sacs de courses sur des étages chez ma mère vivant avec elle donc
    cette dernière étant en deni total donc refus délibéré de vivre ou un glissement sur le long terme
    rend la vie impossible et stressante de plus en plus , ce deni total ou perte de notion
    entraine des manque en soins en protection juridique et en suivi médical , rend difficile toutes communication lesquelles souvent tombent a l’eau car le proche entend mais oublie dans les 20 mn
    ce que vous lui racontiez ceci est déstabilisant psychologiquement vous pensez que votre mère
    ne vous voit plus , qu’elle n’a plus de lien émotionnel avec vous , une forme de brisure
    ce fait en vous , soit vous vous comportez en medecin avec de la distance pour ne pas êtgre affecté et prenez tous au cas par cas pour éviter de perdre votre concentration votre mental et votre dynamique
    et si vous avez un personne un peu qualifié vous dictant de la placer en hotpial car ceci relève de la psychologie ceci n’est pas acceptable en pensant à la rupture de repère que cette dernière aura a subir la mettant en glissement total , vous culpabilisé et ne le faite pas retardant un mois de plus
    et établissant des protocoles d’accompagnement autre .
    Vous culpabilisez si vous vous préoccupez de vous ! devant vous protéger pour protéger celui que vous aidez avant tout , surtout si sur les 5 ans l’avancé en dégradation ou perte cognitive devient de plus en plus signifiante que vous avez du mal a supporter les répétitions et les toc du proche aidé ! auquel vous devez
    toujours répéter la meme chose pour qu’il l’oublie dans les 5 minutes avec un nouveau bis répéta
    les déplacements et donc les fausses pertes d’objets , vous devant aussi mettre en lieu sur certains objet ou nourriture ! faisant sur le moyent terme que vous aussi vous devenez celui que vous aidez par fattigue £
    mentale vous finissez sur votre vie personnell a avoir du mal a vous gérer , a ranger , a plannifier
    a vous projeter ! aussi sur votre activité , effectivement si vous avez de bons amis qui vous demande de passer quelques heures chez eux pour decompresser , ou se proposent de vous venir en aide en prenant quelques heures de garde vous permettant de profiter un peu soit d’un cinéma ou d’un rendez vous chez le kiné pour de massages ! ou aller a la piscine ! cela ouvre et apporte un peu d’oxygène , seulement voila
    ceci aussi apporte soliture car tout le monde ne peut vous aider sur cette problématique qu’est le déni total et la perte de ,notion lié plus ou moins a un déclin cognitif ou lié a une autre pathologie qui ne peut être soignée
    car la personne n’a pas la volonté de se faire soigner ! mettant tout le monde dans l’incompréhension totale aussi tout le monde vous dit oui mais tu as posssibilité de avec des aides de mais oui oui ok mais si sans certificat médical rien de possible aucune ouverture pour l’aidé dans le déni !!!! il ezt en rupture totale
    et vous a vec lui tout le risque est la par conéquent si vous avez eu la chance de pouvoir placer
    vortre proche en tant et heure sur le paradime extreme de son déclin cognitif cela est au meilleur pour elle car il est des limites d’aides relevant du medical et non plus d’un accompagnement et aide par le proche
    cela va aussi pour les cas comme le miens ou ceci est très culpabilisant car c’est une hospitalisation en service
    de psychiatrie pour personne agée donc le cas relève de la psychiatrie , ceci est violent et totalement déstabilisant ! surtout aussi si votre proche change en comportement et devient violent agressif et ne s’en rend pas compte et donc ne mesure plus ses a ctes ! le placement est certes inévitable des déstabilisant pour la personne cela fait mal et vous vous en remettez que très mal nécessitant soins chez le psy pour vous aussi
    j’en suis là hélas

Laisser un commentaire

Les mécènes d’Aidant attitude

Les mécènes d’Aidant attitude contribuent au développement du fonds de dotation, à la fois par des actions de mécénat, mais aussi par la réalisation de projets communs pour les aidants. Sans eux Aidant attitude n’existerait pas, et ne pourrait pas mener ses actions d’information, soutien et réconfort aux aidants.
Particulier : Vous pouvez déduire 66% de votre don dans la limite de 20% de votre revenu imposable.