Nouveau sur le marché, le trimestriel Aider s’adresse aux aidants familiaux et professionnels. Questionnements philosophiques, sexualité, art-thérapie, histoire, témoignages… La revue souhaite apporter du culturel et de la matière à penser à ceux qui s’engagent auprès des personnes dépendantes, sans manquer, au passage, d’écorcher quelques tabous.
Rencontre avec Véronique Châtel, rédactrice en chef de la publication.
Aidant attitude : Aider est un tout jeune magazine, dans quelles circonstances a-t-il été créé ?
Véronique Châtel : Le projet s’est construit autour de mon expérience d’aidante auprès de mon mari malade et de bénévolat dans une maison de retraite. Journaliste indépendante, j’ai également publié des articles sur les professionnels du grand âge qui ont bien marché. J’ai alors contacté Jean-Paul Arif, fondateur de la maison d’édition Scrineo et directeur de la revue L’éléphant afin de lui soumettre l’idée d’un magazine destiné à valoriser ceux qui s’engagent. L’idée l’a séduit et il a cherché des partenaires pour produire la revue. Aider a ainsi vu le jour il y a un an. Trimestrielle, la revue est dotée de graphismes, de photos et d’une maquette de belle qualité.
Aidant attitude : Aider est donc une cause qui vous tient à cœur…
Véronique Châtel : Oui, on peut même dire que c’est une véritable démarche militante ! Rendre visite et discuter avec des personnes âgées et isolées dans les maisons de retraite permet de nouer des relations très riches. Cela donne aussi l’occasion de devenir plus attentif aux autres, ce qui hélas manque cruellement dans notre société.
Aidant attitude : De quoi parle-ton dans Aider et à qui ?
Véronique Châtel : Aider traduit plusieurs objectifs. Nous souhaitons répondre aux besoins des aidants, les aider à comprendre ce qu’il se passe dans ces moments de vie fragilisée mais également soulever des questionnements philosophiques comme se demander ce qu’est une vie qui mérite d’être vécue. Les thèmes qui ont été traités dans les quatre numéros abordent la fatigue des aidants, le sentiment d’inutilité ou de temps perdu qu’ils peuvent ressentir face à l’état de santé de leur proche qui décline, leur image qui se borne à les présenter comme des héros ou comme des victimes, ce qui est généralement assez lointain de la réalité… Nous pensons également que transmettre une culture de l’aide est fondamental. C’est pourquoi nous avons publié des articles sur l’expérience humaniste dans l’histoire avec des portraits de personnages qui se sont engagés. L’idée est d’apporter du positif au discours ambiant. Aider est aussi une belle expérience qui mérite d’être valorisée et les aidants doivent éviter de se replier sur eux-mêmes. Enfin, notre démarche est aussi politique car nous sommes convaincus que la société ne s’investit pas suffisamment dans le handicap et le vieillissement et que les malades sont beaucoup trop laissés à la seule responsabilité de leurs aidants.
Aidant attitude : Comment sélectionnez-vous les sujets ?
Véronique Châtel : Nous cherchons à trouver un équilibre entre les rubriques autour de la nécessité d’être plus solidaire afin que les aidants fonctionnent moins à huis clos. L’enjeu est aussi de trouver des problématiques transversales entre les aidants familiaux et les aidants professionnels car chacun peut apporter à l’autre. Les contributeurs sont donc très différents et ne sont pas constitués uniquement de journalistes. Nous donnons la plume à des professeurs d’histoire ou de philosophie, à des psychologues, des médecins, des infirmiers, des bénévoles, etc.
Aidant attitude : Avez-vous des retours des lecteurs ?
Véronique Châtel : Oui, pour l’instant les retours que nous avons reçus sont positifs. Les lecteurs apprécient particulièrement la grande diversité des sujets abordés et le ton de la revue, qui est tout sauf gnangnan ! Il faudra toutefois du temps avant qu’Aider devienne connu des aidants lorsque l’on sait que ces derniers ne savent pas toujours qu’ils le sont ! Ils peuvent en tous cas se procurer la publication en kiosque, en librairie et sur abonnement via le site Internet.
Aidant attitude : Après un an d’existence, quels sont aujourd’hui vos projets ?
Véronique Châtel : A la rentrée, Aider va produire un guide de 160 pages destiné aux proches aidants. Le contenu vise à soutenir les aidants à se reconnaitre dans leur mission mais aussi à mieux comprendre leur situation et ses enjeux. Pour réaliser ce guide, nous sommes partis du vécu des aidants. Il y aura donc beaucoup de témoignages, de philosophie et de sujets sur le développement personnel. Nous avons voulu faire un guide qui soit le complice des aidants et qui ne dispense pas uniquement de l’information pure et dure.
Dans les mois à venir, nous serons également présents sur des événements consacrés aux aidants. Participer à ce type de manifestations permet de partager des expériences et offre de la matière à penser. D’excellentes occasions aussi pour voyager et pour grandir…
Propos recueillis par Sandrine Youknovski
Les mécènes d’Aidant attitude
Les mécènes d’Aidant attitude contribuent au développement du fonds de dotation, à la fois par des actions de mécénat, mais aussi par la réalisation de projets communs pour les aidants. Sans eux Aidant attitude n’existerait pas, et ne pourrait pas mener ses actions d’information, soutien et réconfort aux aidants.
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