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Membre du Conseil d’orientation de l’observatoire solidaire de la Mutuelle Générale, Frank Wismer est avocat associé chez Avanty Avocats. Son expertise en droit de la protection sociale, des avantages sociaux et des assurances collectives lui a permis d’élaborer un projet d’assurance des salariés-aidants afin de les aider à mieux vivre leur situation professionnelle.

 

Aidant attitude : Vous avez été invité par le Conseil d’orientation de l’observatoire solidaire de la Mutuelle générale. Quels ont été votre rôle et vos fonctions en leur sein?

Frank Wismer : J’ai rejoins le Conseil d’orientation de l’observatoire solidaire pour leur apporter les conseils juridiques qui leur faisaient défaut. Et j’ai été enchanté par cette expérience car le sujet des aidants, que je ne connaissait pas de façon intime, soulève des questions passionnantes.

 

Aidant attitude : Quel bilan peut-on dresser de la situation des salariés-aidants depuis la crise sanitaire ?

Frank Wismer : Aujourd’hui, on constate que la situation est perdante autant pour les salariés aidants que pour les entreprises. En effet, pour des raisons psychologique et intime, le salarié aidant hésite à faire état de son statut à sa hiérarchie et auprès de ses collègues de travail. Ce défaut de communication peut s’expliquer par l’espoir que la situation traversée soit temporaire, par la certitude à pouvoir gérer seul la situation ou encore par la crainte de perdre son emploi, selon son positionnement au sein de l’entreprise. Une situation qui peut conduire certains aidants à envisager de se faire prescrire par leur médecin des arrêts de travail alors qu’ils sont en bonne santé. Cette situation n’est bien sûr pas saine et peut générer de la culpabilité en les plaçant au surplus dans l’illégalité. Ils vont également s’éloigner peu à peu du monde du travail, ce qui peut devenir très frustrant dans la durée. De son côté, l’entreprise se retrouve désorganisée par ces absences, lesquelles, par ailleurs, engendrent des coûts de remplacement et font augmenter le coût des couvertures « prévoyance ». Cette situation, d’un point de vue pragmatique, n’est donc bonne pour personne.

 

Aidant attitude :  Vous avez proposé des solutions d’assurance pour répondre à cette problématique. De quoi s’agit-il ?

Frank Wismer : En effet, on pourrait  permettre aux aidants de travailler à temps partiel pour qu’ils puissent s’occuper de leurs proches tout en leur permettant de rester dans l’entreprise. Il faudrait pour cela davantage de tiers-aidants, qui pourraient être financés par des contrats d’assurance. Cette proposition peut surprendre mais il n’y a pas de honte à ce que la situation des aidants soit encadrée par un système économique rentable. Cela leur permettrait de sortir de l’ombre et de la culpabilité car si un produit d’assurance existe, leur situation va alors devenir attractive et sera valorisée. Pour cela, il n’est pas utile de créer de nouvelles lignes d’exonération et les administrations fiscales et sociales pourraient se contenter de considérer que le financement de cette couverture est une forme de « prévoyance » exonérée au sens des textes existants.

 

Aidant attitude : Quel effet a eu votre proposition auprès du Conseil de l’observatoire ?

Frank Wismer : Ma proposition a été très bien accueillie au sein du conseil. En effet, créer de la matière assurable avec les aidants est le moyen le plus efficace de les aider au niveau professionnel, là où l’angélisme et une forme de bienveillance « tiède » n’ont pas fait leurs preuves. Nous sommes dans une vérité de vie : mettre des normes et développer des tiers-aidants va permettre aux aidants d’évoluer dans un cadre légal, de se sentir mieux et ainsi d’aider leurs proches dans de meilleures conditions.

Propos recueillis par Sandrine Youknovski

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