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L’Équipe de Soutien aux Aidants (ESAD) a été créée en avril 2014 Monsieur Olivier FREZET directeur du secteur médico-social de l’hôpital Bagatelle en Gironde. Cette offre de service est financée par l’Agence Régionale de la Santé. En 2015, elle intègre le dispositif PAERPA (Parcours de santé des Personnes Âgées en Risque de Perte d’Autonomie) afin de coordonner le parcours médico-social des personnes âgées Bordelaises de plus de 75 ans.

La particularité de l’ESAD

Réunir des compétences spécifiques pour accompagner les aidants (secrétaire, psychologue, assistante sociale, ergothérapeute et technicienne-coordinatrice de l’aide psychosociale aux aidants -métier innovant et dédié à la relation aidant/aidé la formation se passe uniquement sur Bordeaux. Elle offre donc à travers ses différentes missions, un appui technique, psychologique et social adapté à chaque situation. Son savoir-faire va au-delà de l’expérimentation, son inscription dans le réseau des partenaires est reconnue comme une proposition à la lutte contre l’épuisement des aidants. Des expériences similaires se sont créées sur Rennes et dans le département du Loiret.

L’ESAD au quotidien

L’ESAD est une équipe légère, pluridisciplinaire, capable d’apporter un soutien à domicile destiné prioritairement à l’entourage et aux intervenants médicaux. Mobilisable dans un délai très court, elle peut faire face à des situations très variées. Nous pensons à la fille de Mme M., âgée de 90 ans, qui utilise la consultation médicale de sa mère pour déverser tout son mal-être auprès du médecin, qui se sent lui-même peu à peu dépassé. La consultation ne dure que 10 minutes, mais la fille éprouve le besoin d’exprimer sa détresse, son épuisement face à la dépendance de sa mère, pendant 45 minutes. En accord avec l’aidant familial, le médecin fait appel à l’équipe, qui intervient dans la journée. Nous pensons également à Melle C., qui ne sait vers qui se tourner pour exprimer ses difficultés, alors que sa santé commence à s’altérer depuis qu’elle s’occupe de sa mère dépendante en continu. Melle C. a simplement noté le numéro de téléphone de l’équipe sur un panneau d’affichage chez un commerçant. Elle est accompagnée dès son premier appel… En fait, les situations sont aussi diverses que complexes, toute personne, professionnelle ou non, pouvant solliciter l’ESAD.

Le rôle du TC APSA

Le TC APSA (technicien Coordinateur de l’Aide psychosociale aux aidants) y est en première ligne. Il va donner une place à l’entourage, une assiseSon titre-même est là pour témoigner que l’équipe confère un statut à l’aidant. Il va apprécier le degré d’épuisement des acteurs impliqués à côté de la personne âgée et proposer des directions d’actions. Et, surtout, il va rester le référent de la situation dans le temps. Ce point est fondamental,parce que savoir qu’on va pouvoir joindre quelqu’un que l’on connait à n’importe quel moment et, mieux encore, savoir qu’il est au courant de la situation dans son évolution et son quotidien, qu’il va écouter et agir, ou assurer les relais nécessaires, a un effet particulièrement rassurant pour les familles. Le TC APSA va permettre de créer une sorte de métissage, en vue d’un échange et d’un partage, entre les logiques d’une micro-culture familiale et les pratiques du secteur médical. Il va être une sorte de « passeur », celui qui permet aux uns de s’approprier des codes fréquemment ressentis comme hermétiques, pour demeurer acteurs de leurs choix, tandis qu’il permet aussi aux professionnels d’être plus pertinents dans leurs actions et plus en phase avec un contexte familial. Après sollicitation de l’ESAD, le TC APSA va aller au domicile faire une évaluation de la situation, un état de l’épuisement de l’aidant. Il peut s’appuyer sur les compétences d’un ergothérapeute, d’une assistante sociale, d’une psychologue…, autant de professionnels qui amènent leur éclairage après la première évaluation du TC APSA et à qui il fera un retour systématique, tout comme il le fera aussi auprès du médecin généraliste, pierre angulaire du système pour les personnes âgées et leur faùmille. Connaissant les sphères d’action des autres professionnels, il peut participer, avec eux, à l’élaboration d’un plan d’aide pour l’aidant, ou aider l’aidant à leur « passer la main », au moins pour quelques temps.
Il y a un professionnel, en particulier, avec lequel le TC APSA croise en permanence ses actions : l’assistant social. Dans le champ de la santé, ce dernier occupe une place privilégiée.

TCAPSA université Bordeaux

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Un exemple concret du soutien et de l’intervention du TC APSA.

Madame M. a 89 ans. Souffrant de troubles de la mémoire et ayant fait plusieurs chutes en quelques jours, elle est admise en urgence dans un hôpital voisin de la MSPB. Après quelques examens médicaux, elle est ramenée à son domicile. Sa situation est signalée à l’ESAD par une équipe de nuit qui a fait la connaissance de son fils, Monsieur M. Il est aussi son aidant et parait totalement épuisé. Il accepte l’intervention de l’ESAD car il a des questions à poser, notamment sur l’APA (l’Aide Personnalisée à l’Autonomie). Vingt-quatre heures après le séjour de Madame M. aux urgences, le TC APSA et l’AS de l’ESAD interviennent pour une première visite au domicile, en présence de l’aidant. Ils apprennent que Madame M. dispose actuellement de la téléassistance et qu’elle bénéficie d’une heure trente d’aide-ménagère par semaine, en refusant, par ailleurs, toute augmentation de son temps de présence. Elle est réfractaire à tout soutien ou aide extérieure, alors qu’elle a un équilibre précaire et des conduites à risque…Mais ce que le TC APSA et l’AS apprennent aussi, c’est que les chutes de Madame M. sont une grande source d’anxiété pour son fils. La téléassistance ne cesse de lui signaler des chutes la nuit. Du coup, il passe voir sa mère tous les jours pour s’assurer qu’elle va bien et doit sans cesse négocier avec elle pour la mettre plus en sécurité. Il est très fatigué et, en même temps qu’il cherche à parler à l’équipe en évitant que sa mère ne l’entende, il fait part de son désir que « l’extérieur » se rende compte de ses difficultés et qu’on l’aide à ce que sa mère en prenne conscience. Ses émotions sont « à fleur de peau ». Il exprime verbalement son épuisement et « craque », à l’issue de la première visite, juste avant le départ des deux professionnels. Par ailleurs, il a déjà été aidant de son père. Lui-même est en rémission d’un cancer, et son épouse a perdu sa soeur, il y a peu.
A la suite de cette première visite, l’AS appelle, avec le TC APSA, le médecin traitant de madame M. pour l’informer de leur intervention, de leur évaluation de la dangerosité de la situation et de l’épuisement de l’aidant. Ils conviennent ensemble du bienfait d’une hospitalisation pour étudier l’origine des chutes et élaborer un projet de vie plus adapté. Le lien est fait par le généraliste avec un service de gériatrie. Dans le même temps, l’AS lui explique le sens de la présence de l’équipe au domicile et les objectifs poursuivis. Elle demande, enfin, une réévaluation de l’A.P.A. et expose la situation à la psychologue de l’ESAD qui intervient également en gériatrie. Madame M. accepte d’être hospitalisée dans la mesure où elle sera informée des raisons de ses chutes. Cela sera un court séjour, ce qui permet également de le faire accepter.
Dès son entrée en service de gériatrie, Madame M. reçoit la visite de l’AS et du TC APSA. Elle leur exprime son souhait de ne pas rester longtemps; mais le service a déjà expliqué que les examens demandent un peu de temps. A la suite de cette visite, l’AS et le TC APSA se répartissent les tâches. Ce dernier appelle l’aidant et apprend qu’il n’envisage pas un retour au domicile. Il doit, d’ailleurs, venir voir sa mère, en profiter pour avoir un entretien avec le médecin et rencontrer le TCAPSA. De son côté, l’AS fait le lien avec l’évaluatrice de l’APA pour lui expliquer les derniers événements.
Dès le lendemain, Monsieur M. est présent pour un entretien autour du projet de vie de Madame M. Des informations sur les familles d’accueil, sur les EHPAD, sur les Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) sont données. Le choix est d’opter pour des demandes de SSR. Elles sont immédiatement enclenchées par l’AS, tandis que le TC APSA prend le relais pour faire le lien avec le fils en fonction des réponses. Il visite également Madame M., qui prend petit à petit conscience de ses difficultés et accepte complètement un séjour dans une structure collective. Elle a pu discuter avec son fils et en arrive très vite à évoquer d’elle-même la possibilité d’un accueil en EHPAD.
L’accord pour une clinique de soins de suite et réadaptation (SSR) est obtenu dans les quarante-huit heures, et le TC APSA, qui rencontre l’aidant à son domicile le lendemain de cet accord, constate que Monsieur M. est très soulagé. Il a même déjà commencé à effectuer des recherches d’EHPAD. Le TC APSA fait également le lien avec le médecin traitant sur l’évolution du projet concernant Madame M., l’AS se chargeant du lien entre le SSR et l’EHPAD où le fils a trouvé une place.
Quelques jours plus tard, le TC APSA appelle Monsieur M.. Il n’a plus besoin de l’aide de l’équipe, son projet s’étant concrétisé. Le soutien a été efficace.

Avec cette équipe, l’ESAD apporte une pierre à l’innovation sociale avec la mise en place d’une nouvelle profession et de nouvelles pratiques autour de la coordination et du soutien, au plus proche des personnes âgées, de leur quotidien et de celui des aidants.

En complément : plaquette sur le cursus de formation diplomante du métier de TCAPSA

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