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Le confinement obligatoire constitue une véritable épreuve pour les proches aidants en charge d’un proche dépendant. Dès à présent les associations doivent agir dès à présent pour les soutenir et limiter les situations de stress. Le point avec Catherine Tourette Turgis, professeur à la Sorbonne, fondatrice de l’Université des patients et chercheuse au CNAM.

Aidant attitude : Des études ont largement démontré l’impact négatif du confinement sur l’état psychologique des individus. Celles dont vous faites référence dans votre interview du 16 mars 2020 dans «  The Conversation », en font partie. Que peut-on dire de cette situation au niveau des aidants familiaux, séparés actuellement de leurs proches ?

Catherine Tourette Turgis : Il est nécessaire et urgent d’aider les aidants à réduire leur sentiment de culpabilité et leur stress afin de leur permettre de vivre le confinement sereinement. Que cette situation inédite génère de l’inquiétude est naturel mais le vécu des aidants est spécifique et la culpabilité, renforcée par le fait de ne pouvoir assumer la charge du proche dépendant dont ils sont responsables, est un véritable parasite à éliminer.

AA : Qui peut aider les proches aidants actuellement ?

CTT : Il faut mettre en place un Numéro Vert qui permette d’accueillir les appels des aidants en souffrance. Les associations d’aidants peuvent également se former à diffuser une information spécifique et cohérente et pourquoi pas, instaurer « une minute aidant » qui permettrait chaque jour de rester en contact avec ce public.

AA : Quelles actions pourraient-on rapidement mettre en place ?

CTT : Il faut privilégier la prévention et le partage d’information. Comme nous venons de le dire, organiser des écoutes et appeler les aidants à échanger autour de leurs expériences sont indispensables. On peut également imaginer un partage de trucs et astuces entre aidants destinés à « tenir bon », à réduire les niveaux de stress et les émotions négatives. Encourager le renforcement du sentiment d’auto-capacité permet d’augmenter l’estime de soi.

AA : Les personnes âgées et fragiles sont les plus vulnérables face au Covid-19. Comment gérer la crainte de la mort inhérente à cette crise sanitaire ?

CTT : Il va être nécessaire de préparer les aidants au deuil en sachant que les familles risquent de ne pas pouvoir dire adieu à leur proche de leur vivant, voire également de ne pas pouvoir assister à leurs obsèques. Cette situation est très difficile. Elle n’a été connue qu’en temps de guerre, lorsque les proches étaient prévenus des décès par télégramme et ne pouvaient pas enterrer les défunts. Ce n’était que plusieurs mois plus tard que des commémorations pouvaient avoir lieu, rituels salutaires au processus de deuil.

AA : Quel rôle les soignants peuvent-ils jouer auprès des aidants ?

CTT : La charge des soignants est très lourde. Ils doivent à la fois soulager les patients et soutenir leurs proches. Il convient donc de ne pas les surcharger. Toutefois, pour éviter aux personnes malades une rupture trop brutale et souvent incomprise du lien familial, les familles peuvent réaliser des films courts et prendre des photos à destination de leur proche dépendant et demander aux équipes de soins de les relayer.

Il faut également penser à remercier les soignants, à leur communiquer de l’énergie positive et à considérer leurs besoins. Cette démarche est indispensable au processus de soins et au maintien de la confiance. Il est important que les plus jeunes aidants comprennent que tout est mis en œuvre pour le bien-être de la personne dépendante.

Enfin, il ne faut pas oublier que ce confinement participe à la conservation des vivants et qu’il constitue un véritable devoir de sauvetage citoyen. Mais attention, il faut aussi aider les personnes qui n’arrivent pas à observer leur confinement ainsi que mettre en place des solutions inédites dans les situations pour lesquelles le confinement est dangereux (maltraitance etc.)

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